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« Raison d’être » des entreprises : les salariés ouverts mais exigeants

Une étude de l’Ifop pour No Com, Tikehau Capital et l’Essec montre que les salariés n’ont pas d’opposition de principe à la possibilité ouverte par la loi Pacte aux entreprises de définir leurs engagements environnementaux et sociaux. Mais ils attendent une cohérence entre la communication des entreprises et leurs actions.

Doucement mais sûrement,  la « raison d’être » fait son chemin dans les entreprises . L’an passé, deux groupes du CAC40, Carrefour et TechnipFMC, avaient présenté leur « raison d’être » en assemblée générale. Cette année,  onze entreprises ont abordé le sujet parmi lesquelles Atos, Orange, Veolia, Carrefour, la Maif, Crédit Agricole et Air Liquide.

C’est la loi Pacte de mai 2019 qui permet aux entreprises de prendre en compte dans leurs statuts les enjeux sociaux et environnementaux  en définissant leur propre « raison d’être » . Une façon de redéfinir la place de l’entreprise au sein de la société, sans la confiner à la recherche du simple profit financier.

Les salariés voient d’un bon oeil que leur entreprise se dote d’une « raison d’être ». C’est ce que montre une étude approfondie de l’Ifop réalisée pour le cabinet No Com, le fonds d’investissement Tikehau Capital et l’Essec présentée ce mardi en partenariat avec « Les Echos » et Radio Classique. Au total, 75 % des 1.500 salariés interrogés jugent que présenter la « raison d’être » de l’entreprise dans laquelle ils travaillent est important. Et 77 % estiment que, « au-delà de son activité économique, leur entreprise joue un rôle au sein de la société ». Ils sont même 59 % à être prêts à contribuer à la réflexion si leur entreprise venait à se lancer dans un processus de définition d’une « raison d’être ». Des ratios élevés qui montrent le poids nouveau pris par cette problématique.

Une opération de communication pour 69 % des salariés

Mais les salariés attendent d’abord de l’entreprise qu’elle leur assure la sécurité de l’emploi et une bonne rémunération. Le critère de l’utilité sociale apparaît loin derrière le salaire et les conditions de travail quand il s’agit de choisir l’entreprise dans laquelle ils veulent travailler, selon l’étude. Les salariés ressemblent aussi à Saint Thomas. Après l’entreprise citoyenne des années 1990 et la responsabilité sociale d’entreprise des années 2000, ils sont échaudés et veulent des preuves.

Ainsi, 69 % des salariés considèrent que la raison d’être est d’abord « une opération de communication ». Seuls 31 % y voient « avant tout le reflet de convictions sincères ». En clair, ils ne sont pas prêts à croire tout ce que les dirigeants leur diront, dans un réflexe de remise en cause de la communication « officielle ».

Pas d’opposition de principe mais…

« Les salariés n’ont pas d’opposition de principe à la raison d’être, mais ils font preuve de vigilance », analyse Pierre Giacometti, président et cofondateur du cabinet No Com. « Ils ne sont pas dupes et cette méfiance montre que la raison d’être ne peut être un simple discours. » Les entreprises doivent être cohérentes entre leurs déclarations et leurs actes car la sincérité de la démarche sera scrutée par les salariés.

D’ailleurs, « pour une entreprise, conduire le processus de la raison d’être sans embarquer l’interne ne peut fonctionner. Les salariés sont le maillon indispensable, estime Pierre Giacometti. Ce sont même eux qui doivent déterminer la raison d’être de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Ce n’est pas à une agence de publicité ou autre de le faire. »

La raison d’être, d’abord un sujet pour les clients

L’entreprise pourrait même avoir à y gagner vis-à-vis de ses clients. C’est en tout cas ce que pensent les salariés. Plus des trois quarts d’entre eux estiment que la définition d’une « raison d’être » pour leur employeur est un sujet important pour les clients. Les notions d’utilité et de sens du métier, de protection de l’environnement pour la transparence et l’éthique viennent après. Et les salariés pensent que la raison d’être permettra d’abord d’augmenter la fidélité des consommateurs, ensuite d’attirer de nouveaux talents et enfin d’améliorer les résultats.

Bref, les dirigeants y auraient donc tout intérêt. Mais une chose est sûre, pour Pierre Giacometti, « les dirigeants doivent être lucides et ne pas croire que définir une raison d’être permettra de régler tous les problèmes de l’entreprise ». Ce n’est ni une solution miracle, ni une baguette magique. L’entreprise qui se dote d’une « raison d’être » va devoir convaincre. Et pour cela, mieux vaut de la cohérence que de la com’.

À NOTER

En partenariat avec Tikehau Capital et l’ESSEC, No Com, spécialisé dans le conseil aux entreprises notamment pour leur raison d’être, lance avec les Echos le baromètre de la raison d’être. Cette première vague a été réalisée par l’IFOP auprès d’un échantillon représentatif de salariés d’ entreprises de plus de 500 salariés du 2 au 8 octobre. 3 aspects clés de la relation des salariés à leur entreprise sont explorés : l’engagement et les motivations professionnelles des salariés, le jugement sur la communication de leur entreprise et leur vision de la raison d’être.

Source : https://www.lesechos.fr/economie-france/conjoncture/raison-detre-des-entreprises-les-salaries-ouverts-mais-exigeants-1146967

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