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en communication

Les Français veulent du changement mais s’en méfient

BAROMETRE – 69% des personnes interrogées souhaitent une transformation en profondeur du pays. Mais rien n’est gagné d’avance pour l’équipe d’Emmanuel Macron, car l’inquiétude reste de mise

 

Pour Emmanuel Macron, ce n’est pas un chèque en blanc mais un encouragement. Les Français sont très majoritairement conscients de l’urgence de reformer la France dans les années qui viennent. Ils sont 69% à estimer que la ­priorité consiste à transformer en profondeur le pays pour l’adapter au mieux au monde qui change. Par opposition, 31% seulement estiment que la France doit rester telle qu’elle est et protéger son identité. Avec ce 69-31, on est tout proches – et c’est un signe – du 66-34 du second tour de l’élection présidentielle ; 69-31, c’est aussi l’écart entre les Français qui pensent que la transformation, si elle a lieu, aura des effets positifs pour le pays et ceux qui pensent l’inverse.

 

« On ne peut obtenir l’adhésion que par la preuve »

 

Mais, à y regarder de plus près, les électeurs du nouveau président sont loin d’être des clients captifs pour les réformes annoncées. Si 81% des cadres, 75% des retraités ou 72% des chômeurs veulent que la France s’adapte, 39% des salariés du public et 45% des ­catégories pauvres militent pour le statu quo.

La méfiance, ­l’inquiétude et le scepticisme à l’égard du débat sur la transformation font ainsi jeu égal avec l’espoir, l’espérance et la nécessité. Rien n’est donc gagné d’avance pour le nouveau pouvoir. « Comme dans les entreprises, il y a une question sur la capacité des décideurs à mener à bien les transformations« , confirme Pierre ­Giacometti, cofondateur de No Com, société de conseil en communication, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises confrontées aux enjeux de transformation. No Com a réalisé ce premier tableau de bord en exclusivité pour le JDD. « C’est un enjeu de communication, poursuit-il. Il y a une question stratégique cruciale, celle de la transparence et du sens à donner. »

 

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Aujourd’hui, 41% sont convaincus qu’ils ­seront plutôt les victimes des changements. Et cette conviction est partagée par 59% des plus pauvres et 56% des sans-diplôme. Cela fait du monde qui aura le sentiment de rester sur le bord de la route.

Dans son domaine d’action, ­Nicolas Hulot l’a bien compris. « Nous devons tout faire pour aider ceux qui seront impactés par la transition énergétique qui s’annonce », déclare le nouveau ministre au JDD. « Le problème pour le nouveau pouvoir comme pour les précédents sera de convaincre les Français que les ­bénéfices collectifs des changements pourront être aussi des bénéfices pour eux-mêmes », analyse Pierre Giacometti. La croyance de ­l’opinion dans les messages des dirigeants est extrêmement ­difficile à atteindre. On ne peut obtenir ­l’adhésion que par la preuve. »

Autre sujet de discorde potentielle entre l’équipe Macron et l’opinion : la nature de la ­transformation attendue. L’évocation de certains mots fait encore peur. Ainsi, 67% des 35-49 ans, 65% des salariés du public et 62% des catégories modestes ont un a priori réservé sur la mondialisation ; par ailleurs, 79% des retraités et des habitants des communes rurales et 75% des catégories aisées éprouvent des sentiments négatifs à l’égard de l’ubérisation. Cela tombe mal car, culturellement, le nouveau président incarne à la fois la nouvelle économie et l’ouverture au monde.

 

Les Français restent dans l’expectative

 

Un peu plus optimistes depuis l’élection, les Français restent donc dans l’expectative. « Très peu de Français sont dans la croyance absolue de la réussite de la transformation et très peu sont dans la défiance de principe, c’est un signe de prudence« , poursuit le patron de No Com.

Les premiers résultats de ce tableau de bord inédit de la ­transformation sont donc riches d’enseignements et d’avertissements. Une prochaine vague, plus détaillée et plus approfondie, consacrée aux attentes des Français surviendra après les élections législatives. D’ici là, le Président et son gouvernement auront commencé à agir. Et ils auront peut-être une majorité pour gouverner. Dans le cas contraire, les changements seront plus difficiles à opérer.

 

Le JDD, 28 mai 2017  – Lire l’article

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