Conseil
stratégique
en communication

Le tableau de bord de la transformation de la France, lancé par No Com en 2017 et réalisé par l’IFOP, en partenariat avec le JDD, décrypte tous les six mois, dans toutes ses dimensions, la transformation engagée par le président de la République et sa majorité.

Un an après l’alternance, la promesse de transformation de la France supporte déjà l’usure du temps, la montée des impatiences et le questionnement sur sa finalité. Le bilan dressé par les Français n’est ni une remise en cause de l’ambition de transformation affichée pendant la campagne présidentielle ni l’expression d’une quelconque résistance au changement.

Ils reconnaissent bien volontiers la volonté et le courage du mouvement de réformes engagées . Ils soutiennent la réforme de la SNCF, celles de la moralisation de la vie politique ou le chantier achevé de la transformation du code du travail. L’appui de la majorité de l’opinion observé ces derniers mois en faveur du nouveau pacte ferroviaire est significatif d’une transformation suscitant l’adhésion : récit positif porté de manière constante par l’ensemble des acteurs, communication active et régulière, clarté et récurrence des arguments. Cette réforme a été littéralement accompagnée dans la durée permettant d’éviter ainsi aux récits hostiles de s’installer, notamment celui de la privatisation du service public. Mais ce qui a fonctionné pour la réforme du rail ne prend pas dans l’opinion pour la transformation de la France.

Le processus engagé il y a un an est confronté aujourd’hui à trois grands risques :

Le premier est celui d’une transformation qui mette à mal la préservation de l’identité de la France. Comme partout en Europe, le réflexe identitaire s’installe aussi dans notre pays. En un an, il a progressé de près de 20 points. La première résistance au récit de la transformation c’est celle qui rejette la justification par la mondialisation, plus que jamais pointée du doigt dans cette enquête par une majorité de Français . Pêle mêle, tous les ingrédients de l’angoisse identitaire s’engouffrent dans ce récit hostile : de la montrée de l’islamisme radical à l’inquiétude générée par la poussée migratoire en passant par la disparition progressive de nombreuses activités économiques. C’est le syndrome de la perte de contrôle qui menace au premier chef le crédit de la transformation du pays.

Parallèlement, le second risque est celui d’une transformation associée au discrédit actuel de l’Europe . Dans cette quatrième vague, le diagnostic des Français sur le débat de la transformation de l’Europe est sans appel. Rien qui ne permette de conclure à un rejet de l’idée européenne mais en revanche une volonté claire affichée par trois français sur quatre, y compris dans l électorat du président de la république, de voir la France renforcer son pouvoir au détriment de celui de Bruxelles. Cette poussée de souverainisme n’est une exception ni française, ni italienne, elle est une illustration d’une attente du retour des Etats Nations partout en Europe en réponse au sentiment d’impuissance européenne.

Enfin le troisième risque n’est pas le moindre : celui d’une transformation qui réserverait ses bénéfices aux catégories les plus favorisées. Pour la première fois une majorité de Français doute des conséquences positives de la transformation pour eux mêmes et leurs proches. En l’espace d’un an, le scepticisme et l’incrédulité sont devenus majoritaires dans la france populaire, celle des classes moyennes, des retraités, de la France rurale et des petites villes. Le récit hostile c’est ici celui qui marque les esprits lorsqu’on l’on parle du président des riches ou d’une transformation qui neglige le souci d’égalité et de justice.

Une année après sa mise en chantier, la transformation de la France n’a pas encore convaincu les Français. L’ambition est, il est vrai particulièrement exigeante et, à l image des chantiers de même dimension engagés dans les entreprises, on sait que l’on ne transforme pas aisément les situations complexes en si peu de temps. Au fond le fait que près de 40% des Français admettent que leur pays s’est transformé en douze mois est déjà assez significatif. Même minoritaire, ce chiffre est la preuve de premiers résultats. Ce qui fait défaut aujourd’hui c’est l’absence d’un récit constant, répété avec des arguments accessibles favorisant le rassemblement du plus grand nombre de Français. L’équation d’une transformation réussie et entendue 5/5 c’est celle des bénéfices partagés. L’attente des Français est de bon sens : “Ce qui est bon pour la France doit être bon pour nous ”. La transformation pour la France et la transformation au service des Français doivent aller de paire.

Depuis mai 2017 les Français ont entendu la première partie du message mais pas la seconde.

Pierre Giacometti

Cofondateur de No Com

Le tableau de bord de la transformation de la France – vague 4 from CabinetNoCom

 

BAROMETRE – 69% des personnes interrogées souhaitent une transformation en profondeur du pays. Mais rien n’est gagné d’avance pour l’équipe d’Emmanuel Macron, car l’inquiétude reste de mise

 

Pour Emmanuel Macron, ce n’est pas un chèque en blanc mais un encouragement. Les Français sont très majoritairement conscients de l’urgence de reformer la France dans les années qui viennent. Ils sont 69% à estimer que la ­priorité consiste à transformer en profondeur le pays pour l’adapter au mieux au monde qui change. Par opposition, 31% seulement estiment que la France doit rester telle qu’elle est et protéger son identité. Avec ce 69-31, on est tout proches – et c’est un signe – du 66-34 du second tour de l’élection présidentielle ; 69-31, c’est aussi l’écart entre les Français qui pensent que la transformation, si elle a lieu, aura des effets positifs pour le pays et ceux qui pensent l’inverse.

 

« On ne peut obtenir l’adhésion que par la preuve »

 

Mais, à y regarder de plus près, les électeurs du nouveau président sont loin d’être des clients captifs pour les réformes annoncées. Si 81% des cadres, 75% des retraités ou 72% des chômeurs veulent que la France s’adapte, 39% des salariés du public et 45% des ­catégories pauvres militent pour le statu quo.

La méfiance, ­l’inquiétude et le scepticisme à l’égard du débat sur la transformation font ainsi jeu égal avec l’espoir, l’espérance et la nécessité. Rien n’est donc gagné d’avance pour le nouveau pouvoir. « Comme dans les entreprises, il y a une question sur la capacité des décideurs à mener à bien les transformations« , confirme Pierre ­Giacometti, cofondateur de No Com, société de conseil en communication, spécialisée dans l’accompagnement des entreprises confrontées aux enjeux de transformation. No Com a réalisé ce premier tableau de bord en exclusivité pour le JDD. « C’est un enjeu de communication, poursuit-il. Il y a une question stratégique cruciale, celle de la transparence et du sens à donner. »

 

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Aujourd’hui, 41% sont convaincus qu’ils ­seront plutôt les victimes des changements. Et cette conviction est partagée par 59% des plus pauvres et 56% des sans-diplôme. Cela fait du monde qui aura le sentiment de rester sur le bord de la route.

Dans son domaine d’action, ­Nicolas Hulot l’a bien compris. « Nous devons tout faire pour aider ceux qui seront impactés par la transition énergétique qui s’annonce », déclare le nouveau ministre au JDD. « Le problème pour le nouveau pouvoir comme pour les précédents sera de convaincre les Français que les ­bénéfices collectifs des changements pourront être aussi des bénéfices pour eux-mêmes », analyse Pierre Giacometti. La croyance de ­l’opinion dans les messages des dirigeants est extrêmement ­difficile à atteindre. On ne peut obtenir ­l’adhésion que par la preuve. »

Autre sujet de discorde potentielle entre l’équipe Macron et l’opinion : la nature de la ­transformation attendue. L’évocation de certains mots fait encore peur. Ainsi, 67% des 35-49 ans, 65% des salariés du public et 62% des catégories modestes ont un a priori réservé sur la mondialisation ; par ailleurs, 79% des retraités et des habitants des communes rurales et 75% des catégories aisées éprouvent des sentiments négatifs à l’égard de l’ubérisation. Cela tombe mal car, culturellement, le nouveau président incarne à la fois la nouvelle économie et l’ouverture au monde.

 

Les Français restent dans l’expectative

 

Un peu plus optimistes depuis l’élection, les Français restent donc dans l’expectative. « Très peu de Français sont dans la croyance absolue de la réussite de la transformation et très peu sont dans la défiance de principe, c’est un signe de prudence« , poursuit le patron de No Com.

Les premiers résultats de ce tableau de bord inédit de la ­transformation sont donc riches d’enseignements et d’avertissements. Une prochaine vague, plus détaillée et plus approfondie, consacrée aux attentes des Français surviendra après les élections législatives. D’ici là, le Président et son gouvernement auront commencé à agir. Et ils auront peut-être une majorité pour gouverner. Dans le cas contraire, les changements seront plus difficiles à opérer.

 

Le JDD, 28 mai 2017  – Lire l’article

Comme le constate le magazine Time, les mensonges de Donald Trump ont agi bien plus comme des moteurs que comme des freins dans sa campagne. Dans la société « post-truth », la charge émotionnelle du propos l’emporte bien souvent sur la rigueur des arguments. Ce phénomène conduit à faire coexister des vérités concurrentes avec lesquelles les marques et les dirigeants vont devoir apprendre à vivre.

Time, 3 avril 2017,  Lire l’article

Les recherches du neuroscientifique Uri Hasson, réalisées au moyen de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, montrent que lorsque nous écoutons une histoire nos cerveaux se synchronisent et présentent un profil d’activité similaire. Cet état accroît notre capacité à nous approprier la mémoire et la pensée des autres.

Ces travaux de recherche récents apportent une preuve supplémentaire de la capacité du récit à fabriquer de la mémoire commune et à apporter du sens.

TEDx, 18 février 2016   Voir la vidéo