Les baisses d’impôts, les Français commencent à y croire

Selon le tableau de bord de la transformation No Com/Ifop/JDD, plus d’un Français sur deux approuve la politique de baisse d’impôts.

 

Après des mois d’inquiétude grandissante, les Français jugent avec un peu plus d’optimisme les changements en cours. C’est l’un des enseignements de la sixième vague du tableau de bord de la transformation réalisé par l’Ifop pour No Com et le JDD depuis mai 2017. Certes, les angoisses n’ont pas disparu, mais là où les indicateurs précédents révélaient une érosion, voire un effondrement (pendant la crise des Gilets jaunes), ils révèlent pour la première fois une inflexion positive. Indice significatif : la légitimité de la transformation du pays est redevenue nettement majoritaire (58%,+ 5) et les principales réformes décidées depuis deux ans sont mieux comprises (celle de la SNCF comme celle du Code du travail).
Surtout, sur les trois fronts majeurs de la fiscalité, de l’emploi et de la transition écologique, la perception de l’action transformatrice s’améliore sensiblement et le scepticisme recule. Pour la première fois, plus d’un Français sur deux approuve la politique du gouvernement pour diminuer les impôts (55%,+ 19) et l’accélération de la transition écologique (52%,+ 14), la lutte contre le chômage ­produisant des résultats pour la moitié d’entre eux (49%,+ 12). Pour la première fois aussi émerge la tentation d’un « autre modèle de développement » conçu pour préserver les ressources de la ­planète (54%,+ 5) face au choix de donner la priorité à la croissance économique.

Ainsi, la sortie de la crise sociale apparaît pour le pouvoir macroniste porteuse d’un certain soulagement. Néanmoins, il serait imprudent d’en conclure que le mouvement de transformation lancé par Emmanuel Macron campe sur une trajectoire stable. L’inquiétude pour le pouvoir d’achat (51%) et la quête de réduction des inégalités sociales (38%) s’expriment au-delà des seules catégories populaires et sont classées en tête parmi les objectifs d’une transformation réussie. Dans le même temps, le rejet des concepts de « mondialisation », de « libéralisation » ou d' »ubérisation » reste massif, ainsi que de l’idée de « privatisation » – ce qui se traduit logiquement par le refus catégorique du projet de privatisation d’ADP (ex-Aéroports de Paris (74%)).

Derrière cette hostilité prononcée affleure une vision globalement négative du changement, qui fait la part belle à l’idée d’une perte de contrôle par l’État de ses prérogatives au bénéfice d’intérêts privés qui serait générateurs d’inégalités et d’insécurité. L’absence d’un récit positif de la privatisation d’ADP – et plus largement des réformes en cours –, qui mettrait en exergue les bénéfices possibles pour toutes les parties concernées, y compris les usagers, semble avoir favorisé les inquiétudes et le rejet.

Aussi peut-on conclure que, s’il veut apaiser l’angoisse suscitée par les bouleversements en cours, Macron doit parvenir à présenter une vision claire et cohérente de l’avenir, qui fait encore défaut. Pour l’heure, le sentiment que la transformation aura des conséquences positives pour soi et ses proches est revenu à son niveau d’avant la crise des Gilets jaunes ; mais une courte majorité de Français (52%) pense encore que ses effets seront négatifs.

 

Pierre Giacometti

Coprésident de No Com

Article dans le Journal du Dimanche du 30 juin 2019

 

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